lundi 17 octobre 2016

pensée de betterave

Sans vouloir exagérer la portée heuristique du handicap, il est clair que c'est une experience assez corsée qui change un peu votre point de vue sur le monde. Etant d'un naturel généreux,il m'arriver de penser à la façon d'éclairer un peu les autres. Dans le même esprit que mes précédentes " pensées", il ne s'agit pas ici d'un classique ouin ouin visant à extorquer une larme à Marie-Madeleine, mais d'un véritable exercice de "clinique", en vue d'éclairer un peu le béotien.
Ainsi, en prenant mon café, ce matin, je me suis avisé qu'une des difficultés de la vie de betterave c'est d'être passé d'un coup, de "vigoureux gaillard" à "gros animal craintif", transformation délicate, surtout quand on a pas la gueule qui va avec. Il vous est sans doute arrivé d'avoir à traverser à pied, de nuit, un endroit " mal famé" : On a pas peur, non, mais on est pas non plus complètement tranquile,  eh bien c'est cette sorte de crainte, qui ne lâche pas une seconde par jour le "handicapé",  et le sentiment d'être "possédé" par elle, est très usant. Cette fatigue devient consciente au momment où, entrant dans un lieu nouveau, on se surprend à faire l'inventaire des "pièges" qu'il recèle, et des "recours possibles. Dans mon cas, il faut aussi répéter mentalement, le geste de rattrapage qu'il faudra faire volontairement, de la main droite, à la place du réflexe de la main gauche, sous peine de chute. Il est très déplaisant, aussi, de ressentir la présence bienveillante d'un tiers, (en mode "n'aie pas peur je suis là"), comme une menace potentielle pour cet équilibre, si durement tenu [ TP: restez debout, bien vertical, pieds joints, puis décollez légèrement un pied du sol, le soir vous pourrez aller vous coucher...]. Bonne santé à tous!