mercredi 19 septembre 2018

PHILO DE BETTERAVE

Suite à mon dernier billet, l'aimable lecteur m'a exhorté à ne plus me soucier du "regard des autres et à apprendre à faire passer mon confort avant tout. Las!  voilà un précepte bâti pour me séduire, mais qui néglige un peu la réalité des rapports humains : déambuler dans l'espace social c'est surtout mélanger son regard à celui des autres. Un peu comme comme sur une plage naturiste : ,Il faut d'abord se donner à voir pour pouvoir regarder . Et ce que je vois dans le regard des autres c'est le plus souvent une évaluation, évaluation du handicap et puis de ma personne et de ce que je pourrais bien "vouloir", car la personne valide, toute confite dans sa supériorité, se sent tenue d'adopter "la bonne attitude", vis à vis du handicapé. Imaginons une petite saynète : si je me promène en fauteuil et que je rencontre un "obstacle", mon premier réflexe sera de jeter un regard circulaire pour évaluer la situation et la meilleure façon de la résoudre. Si d'aventure mon regard croise celui de quelqu'un d'autre,  cette personne va, immanquablement se précipiter pour me proposer de l'aide, ou pour m'expliquer pourquoi elle ne peut pas m'en apporter. Et me voilà cuit, condamné à me confondre en grimaces zygomatiques pour convaincre, sans froisser, que mon regard n'était pas, un appel à l'aide.Ceci explique qu'il soit si agréable d'être accompagné pour sortir en fauteuil: certes pas pour avoir un pousseur, mais pour avoir quelqu'un qui fait que je ne regarde pas si quelqu'un me regarde.
 Je veux bien admettre que tout ça soit dans ma tête, mais je te rappelle, aimable lecteur, que Rousseau, qui avait, lui, un cerveau complet, fait de ce "regard de l'autre", " l'origine et le fondement de l'inégalité parmi les hommes" . Aller santé!

 

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